(Critical windows of fluoride neurotoxicity in Canadian children) Farmus L, Till C, Green R, Hornung R, Martinez-Mier EA, Ayotte P, Muckle G, Lanphear BP, Flora DB. Environmental Research 2021 May 26:111315. doi: 10.1016/j.envres.2021.111315. Online ahead of print
Le fluorure est un minéral naturellement présent dans la plupart des sources d’eau. Du fluorure est ajouté au service d’eau public d’environ un tiers de la population canadienne pour prévenir la carie dentaire. En de faibles concentrations, le fluorure peut en effet améliorer la santé bucco-dentaire, mais ses effets sur la santé, en particulier celle des jeunes enfants, suscitent des inquiétudes. Dans cette population, des concentrations élevées de fluorure ont été associées à un quotient intellectuel (Q.I.) inférieur. Les scientifiques ignorent si l’exposition prénatale au fluorure a un effet différent sur le Q.I. par rapport à l’exposition peu après la naissance ou pendant la petite enfance. Pour répondre à cette question, des chercheurs de l’Université York ont étudié l’effet du fluorure, mesuré en fonction de trois périodes distinctes, sur le Q.I. des enfants.
Les chercheurs ont utilisé les données de 596 mères et de leurs enfants issus de la cohorte de grossesse de l’étude MIREC pour mesurer l’exposition au fluorure pendant la grossesse, peu après la naissance et pendant la petite enfance. Le Q.I. des enfants a été mesuré à l’aide d’un test d’évaluation des capacités cognitives appelé « Wechsler Preschool and Primary Scale of Intelligence-III ». Ce test permet de mesurer les scores du Q.I. verbal, du Q.I. performance et du Q.I. total en se fondant, entre autres, sur une évaluation du vocabulaire et du traitement de l’information. Les enfants avaient entre 3 et 4 ans au moment de la mesure du Q.I. Les chercheurs ont caractérisé l’association entre le Q.I. des enfants et l’exposition au fluorure à différentes périodes à l’aide de modèles statistiques.
Une exposition à des concentrations élevées de fluorure, pour toutes les évaluations ponctuelles, était généralement associée à des scores du Q.I. performance légèrement inférieurs (d’environ 2 ou 3 points). Cette association était encore plus robuste lorsque la mesure de l’exposition prénatale au fluorure était utilisée. Les chercheurs ont aussi observé que ces associations étaient différentes entre garçons et filles. Chez les garçons, la période prénatale semblait critique, tandis que chez les filles, c’était plutôt la petite enfance.
Cette étude montre que l’association entre l’exposition au fluorure et le Q.I. de performance varie en fonction de la période d’exposition. Elle révèle aussi des différences entre garçons et filles. D’autres recherches sur la façon dont l’association entre l’exposition au fluorure (à différentes périodes) et le Q.I. diffère entre les garçons et les filles contribueront à confirmer ces résultats.