(Exposition maternelle aux composés chimiques perfluorés et diminution de la fécondité : l’étude MIREC) Vélez MP, Arbuckle TE, Fraser WD. Human Reproduction. 2015;30(3):701-9. doi: 10.1093/humrep/deu350
Cet article porte sur l’exposition de la mère à certains composés chimiques perfluorés (PFC) – le perfluorooctane sulfonate (PFOS), le perfluorooctanoate (PFOA) et le sulfonate de perfluorohexane (PFHxS) – et leur effet potentiel sur sa fertilité. Les PFC constituent un groupe de produits chimiques utilisés dans divers produits industriels et commerciaux, et on commence à s’interroger sur leur effet potentiel sur la fertilité des femmes. Ainsi, une recherche récente tend à démontrer une association entre les niveaux grandissants de PFC et un taux de fertilité à la baisse, alors que d’autres études n’ont trouvé aucune association.
Cette étude sur les PFC et la fertilité a utilisé des données de l’étude MIREC, une cohorte de 2001 femmes recrutées durant leur 1er trimestre de grossesse dans 10 villes canadiennes de 2008 à 2011. Un total de 1743 femmes enceintes de cette cohorte ont été incluses dans les présentes analyses. Les participantes avaient répondu à un questionnaire dans lequel on leur demandait entre autres combien de mois de rapports sexuels non protégés il avait fallu pour devenir enceinte pour la grossesse en cours. La fertilité était mesurée par le « délai de conception », et l’infertilité définie comme un délai de plus de 12 mois pour devenir enceinte ou le recours à un traitement de l’infertilité pour la grossesse actuelle. Les échantillons sanguins des participantes ont été analysés, pour mesurer les niveaux de trois PFC courants (PFOA, PFOS et PFHxS). Les résultats ont été ajustés pour des facteurs de confusion potentiels, tels que l’âge, le statut socioéconomique et l’indice de masse corporelle.
Les niveaux de PFC étaient inférieurs à ceux rapportés dans d’autres études, mais même à ces niveaux, on a trouvé une association entre les PFOA et PFHxS et une fertilité réduite – soit un plus grand nombre de mois pour tomber enceinte. De plus, l’infertilité et les niveaux de PFOA et de PFHxS augmentaient de pair. Par contre, aucune association significative n’a été trouvée pour le PFOS.
L’étude comporte tout de même plusieurs limitations. Ainsi, les chercheurs n’ont pas examiné d’autres facteurs pouvant affecter la fertilité; il est possible que des femmes ayant les plus fortes concentrations de PFC aient été exclues de l’étude, si les PFC sont une cause réelle d’infertilité. De plus, l’état de santé et les niveaux de PFC chez le partenaire n’ont pas été évalués, tout comme la qualité du sperme, les caractéristiques du cycle menstruel de la femme et la fréquence des rapports sexuels. Cependant, les résultats de cette étude suggèrent que l’exposition de la femme au PFOA et au PFHxS, même à des niveaux inférieurs à ceux rapportés dans le passé, pourrait diminuer sa fertilité.
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