(Association of perfluoroalkyl substances with gestational hypertension and preeclampsia in the MIREC study) Borghese, M.M, Walker M, Helewa, M.E, Fraser WD, Arbuckle TE. Environment International. 2020 May 11;141:105789. doi: 10.1016/j.envint.2020.105789
L’exposition à des contaminants environnementaux a été associée au développement d’affections pendant la grossesse telles que l’hypertension gestationnelle et la prééclampsie. L’hypertension gestationnelle se manifeste par une tension artérielle élevée apparaissant au cours de la grossesse. Quant à la prééclampsie, elle survient normalement après la 20e semaine de grossesse chez des femmes dont la tension artérielle était auparavant normale. La prééclampsie s’accompagne d’une hypertension et de signes indiquant qu’un autre système est touché, le plus souvent le foie et les reins. Ces deux affections peuvent avoir un impact négatif sur la santé des femmes enceintes et de leurs bébés.
Un groupe de composés chimiques appelés substances perfluoroalkyliques (ou SPFA) pourrait contribuer à la survenue de ces affections pendant la grossesse. Les SPFA entrent dans la fabrication d’un large éventail de produits de consommation, dont des batteries de cuisine à revêtement antiadhésif, des emballages alimentaires, des produits d’hygiène personnelle et des cosmétiques. Elles trouvent aussi des applications dans la fabrication de mousses ignifuges et le traitement des tapis. Presque toute la population canadienne est régulièrement exposée à de faibles doses de SPFA présentes dans les aliments, l’eau potable et la poussière dans les maisons. Les SPFA ne se décomposent pas très facilement dans l’environnement ou dans l’organisme, ils ont donc tendance à s’accumuler avec le temps.
Les chercheurs de cette étude ont utilisé des données de l’étude MIREC pour vérifier si des taux élevés de SPFA chez les femmes enceintes étaient associés à l’hypertension gestationnelle et à la prééclampsie. Les taux de trois SPFA ont été mesurés dans le plasma sanguin des participantes enceintes – APFO (acide perfluorooctanoïque), SPFO (sulfonate de perfluorooctane) et PFHxS (acide sulfonique de perfluorohexane). Les mesures de la tension artérielle et les résultats d’analyses cliniques en laboratoire ont été utilisés pour diagnostiquer l’hypertension gestationnelle et la prééclampsie, conformément aux directives cliniques canadiennes standard. Des modèles statistiques ont été utilisés pour évaluer le lien entre les SPFA d’une part et l’hypertension gestationnelle et la prééclampsie d’autre part. Les chercheurs ont aussi examiné si un quelconque effet était plus prononcé chez les femmes donnant naissance à un garçon ou à une fille.
Les données de 1 739 participantes ont été analysées. Parmi ces femmes, 90 % avaient une tension artérielle normale, 7 % avaient développé une hypertension gestationnelle, et 3 % avaient souffert de prééclampsie. La probabilité de développer une prééclampsie était plus élevée chez les femmes ayant un taux élevé de PFHxS, mais pas d’APFO ou de SPFO, en particulier lorsqu’elles attendaient une fille. Parmi les femmes ayant donné naissance à un garçon, celles qui présentaient des taux élevés de SPFO et de PFHxS, mais pas d’APFO, étaient plus susceptibles de développer une hypertension gestationnelle. Des taux élevés des trois SPFA ont été liés à une tension diastolique accrue, et des taux élevés d’APFO et de PFHxS, à une tension systolique accrue.
Dans cet échantillon de femmes enceintes canadiennes, des taux élevés de PFHxS ont été associés au développement d’une prééclampsie, mais pas d’une hypertension gestationnelle. Les effets des SPFA sur l’hypertension gestationnelle ont été observés uniquement parmi les femmes ayant donné naissance à des garçons. Pour la première fois, des chercheurs montrent que le sexe du nourrisson joue un rôle important dans l’association entre les SPFA d’une part et l’hypertension gestationnelle et la prééclampsie d’autre part. D’autres études devront être menées pour vérifier cette association.