75. Exposition aux phtalates et à l’acide folique pendant la grossesse et traits autistiques chez des enfants canadiens (résumé simplifié)

(Gestational Exposures to Phthalates and Folic Acid, and Autistic Traits in Canadian Children) Oulhote Y, Lanphear BP, Braun JM, Webster GM, Arbuckle TE, Etzel T, Forget-Dubois N, Séguin JR, Bouchard MF, MacFarlane AJ, Ouellet E, Fraser WD, Muckle G. Environmental Health Perspectives 2020 Feb;128(2):27004. doi: 10.1289/EHP5621

Les phtalates sont un groupe de composés chimiques utilisés dans les plastiques pour les assouplir et en accroître la flexibilité. Ils peuvent aussi être utilisés comme solvants dans un certain nombre de produits de consommation, notamment les cosmétiques, tissus, peintures, encres d’imprimerie, jouets d’enfants et médicaments en vente libre. Certains phtalates sont couramment détectés dans l’urine des Canadiens, tandis que d’autres le sont moins souvent.

Le trouble du spectre autistique (TSA) est un trouble de développement qui altère la façon dont une personne perçoit les autres et socialise avec eux, ce qui se traduit par des problèmes d’interaction sociale et de communication. Le TSA est aussi caractérisé par des schémas comportementaux restreints et répétitifs. Les symptômes apparaissent généralement au cours des deux premières années de vie. On estime à 1 sur 66 le nombre d’enfants et d’adolescents canadiens âgés de 5 à 17 ans qui reçoivent un diagnostic de TSA. Les causes de l’autisme sont mal comprises, mais les scientifiques pensent qu’elles sont multifactorielles. Peu d’études ont examiné l’association potentielle entre l’exposition aux phtalates et les comportements autistiques.

Cette étude visait à examiner l’association entre l’exposition prénatale à plusieurs phtalates et les comportements autistiques d’enfants de la cohorte MIREC âgés de 3 à 4 ans. L’étude, même si elle ne portait pas sur l’établissement d’un diagnostic d’autisme, utilisait l’évaluation fondée sur l’échelle de réciprocité sociale (SRS) pour évaluer des comportements associés à l’autisme.

Les concentrations urinaires en phtalates ont été mesurées au premier trimestre de grossesse chez les participantes de l’étude MIREC. L’information sur la prise de compléments alimentaires contenant de l’acide folique a été obtenue par questionnaire auprès des participantes alors qu’elles étaient enceintes. Dans le cadre de l’étude de suivi MIREC-CD Plus, les comportements autistiques de 601 enfants âgés de 3 à 4 ans ont été évalués à l’aide de la SRS.

Il est ressorti de cette étude que les garçons dont les mères présentaient des taux urinaires élevés de deux phtalates (de mono-n-butyle [MnBP] et de mono-3-carboxypropyle [MCPP]) pendant leur premier trimestre de grossesse avaient des scores SRS également plus élevés, indiquant une plus faible aptitude à la communication sociale, des intérêts restreints et des comportements répétitifs. Les chercheurs ont aussi découvert que les associations entre plusieurs phtalates et des traits autistiques n’étaient observables que chez les enfants dont les mères avaient eu un faible apport en acide folique pendant la grossesse (< 400 µg/jour).

En conclusion, cette étude monte que des concentrations urinaires élevées de certains phtalates chez la femme enceinte sont associées à plus de comportements autistiques chez les garçons. Ces effets modestes étaient toutefois réduits chez les mères ayant pris des compléments d’acide folique pendant leur grossesse. Ces résultats s’accordent avec ceux de recherches antérieures selon lesquels le cerveau en développement, en particulier celui des fœtus mâles, est plus sensible aux effets des composés chimiques toxiques. En bout de ligne, ces résultats fournissent des preuves supplémentaires qu’il est possible de prévenir le TSA grâce à des stratégies de prévention primaire axées sur la réduction des expositions aux substances toxiques de l’environnement et sur une supplémentation adéquate en acide folique dès le début de la grossesse.