41. Concentrations urinaires de bisphénol A chez la femme enceinte et associations avec les comportements et capacités cognitives de l’enfant (résumé simplifié)

(Associations of prenatal urinary bisphenol A concentrations with child behaviors and cognitive abilities) Braun JM, Muckle G, Arbuckle TE, Bouchard MF, Fraser WD, Ouellet E, Séguin JR, Oulhote Y, Webster GM, Lanphear BP. Environmental Health Perspectives 2017 Jun 16;125(6):067008. doi: 10.1289/EHP984

Le bisphénol A (BPA) est un produit chimique qui sert à fabriquer un plastique dur et transparent appelé polycarbonate (comme celui de certaines bouteilles d’eau). Le BPA est aussi utilisé dans la fabrication des résines époxydes qui servent de couche protectrice à l’intérieur des boîtes de conserve métalliques pour aliments et boissons. Le BPA entre également dans la fabrication de certains papiers et produits dérivés (p. ex., papier thermique des reçus de caisse). Les Canadiens sont principalement exposés au BPA par voies alimentaire et cutanée. Une enquête nationale récente a d’ailleurs révélé que 93 % de la population présentait des concentrations urinaires détectables de BPA (https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/sante-environnement-milieu-travail/rapports-publications/contaminants-environnementaux/quatrieme-rapport-biosurveillance-humaine-substances-chimiques-environnement-canada.html). Selon certaines études, l’exposition prénatale au BPA peut accroître le risque de troubles du comportement chez l’enfant et altérer ses capacités cognitives. Les capacités cognitives sont une mesure de l’aptitude d’une personne à raisonner, apprendre, comprendre et mémoriser.

Dans le cadre de l’étude MIREC, les données de 812 mères et de leurs enfants ont été analysées pour voir s’il existait une association entre l’exposition au BPA pendant la grossesse et les mesures du comportement et de la cognition chez l’enfant de 3 ans. Des échantillons d’urine maternelle collectés au premier trimestre ont été analysés pour en déterminer la concentration en BPA. Les parents ont répondu à des questions sur le comportement de leur enfant, et les enfants ont passé certains tests évaluant leurs capacités cognitives (p. ex., QI).

Chez ces mères, 86 % présentaient des concentrations détectables de BPA dans leur urine. Aucune association n’a été établie entre les concentrations urinaires de BPA des mères et les résultats des tests cognitifs de leurs enfants. Certains résultats donnent toutefois à penser que l’exposition prénatale au BPA pourrait être associée à une légère baisse de la capacité de mémorisation chez les garçons, contrairement à une amélioration de cette capacité chez les filles. Le BPA a de plus été associé à l’anxiétés, la dépression et des comportements somatiques (symptômes physiques qui ne peuvent être expliqués par un problème de santé ou un trouble neurologique sous-jacent) chez les garçons, mais pas chez les filles, ainsi qu’à des résultats moins élevés, cette fois, tant chez les garçons que chez les filles, lors d’un test évaluant les comportements interpersonnels, la communication et les comportements répétitifs ou stéréotypés.

En conclusion, cette étude a révélé que l’exposition prénatale au BPA était associée à certains aspects comportementaux chez l’enfant, tout particulièrement chez les garçons. Cette étude présentait toutefois des limites importantes qui doivent être prises en compte, notamment l’absence de données sur d’autres prédicteurs du comportement de l’enfant, comme le comportement et les capacités cognitives des parents. De plus, l’exposition au BPA n’a été mesurée qu’une seule fois, soit au premier trimestre de la grossesse, alors que l’exposition pendant d’autres périodes du développement fœtal, de la petite enfance ou de l’enfance pourrait influencer le comportement et la cognition. Ces résultats doivent donc être interprétés avec prudence. Des études remédiant aux limites décrites sont nécessaires pour mieux comprendre l’exposition au BPA tôt au début de la vie et son incidence sur le comportement de l’enfant.