35. Identification des mélanges chimiques auxquels les femmes enceintes canadiennes sont exposées: l’étude MIREC (résumé simplifié)

(Identification of chemical mixtures to which Canadian pregnant women are exposed: The MIREC Study) Lee WC, Fisher M, Davis K, Arbuckle TE, Sinha SK. Environment International 2017 Feb;99:321-330. doi: 10.1016/j.envint.2016.12.015

L’exposition prénatale à des concentrations élevées de certains contaminants environnementaux peut être associée à des effets néfastes pendant la grossesse et le développement du fœtus ou pendant l’enfance. D’une manière générale, les recherches portent sur les associations entre une substance chimique et ses effets néfastes potentiels sur la grossesse et la santé du nourrisson. Par contre, dans la réalité, nous sommes exposés à plusieurs substances chimiques à la fois. Il importe donc de connaître les substances auxquelles les femmes enceintes sont exposées à un moment précis et de tenter de déterminer lesquelles parmi ces femmes sont généralement plus exposées à certains groupes de contaminants (mélanges) chimiques.

Pour cette étude, les données de 1 744 participantes à l’étude MIREC ont été analysées dans le but de déceler des tendances dans l’exposition aux contaminants. Les chercheurs ont examiné un large éventail de contaminants, dont certains métaux (arsenic, plomb, mercure, cadmium et manganèse), des biphényles polychlorés (BPC), des pesticides organochlorés et organophosphorés, des substances perfluoroalkyliques, du bisphénol A (BPA) et des métabolites du phtalate. Ces contaminants ont été mesurés dans des échantillons de sang et d’urine de la mère du premier trimestre de grossesse. Des données ont aussi été recueillies sur diverses caractéristiques des mères (âge, niveau de scolarité, revenu du ménage, nombre d’enfants, indice de masse corporelle [IMC] avant la grossesse, pays de naissance et usage du tabac).

Différentes méthodes statistiques ont été utilisées pour déterminer les contaminants généralement présents en même temps (les mélanges chimiques) dans le sang et l’urine de la mère, de même que pour décrire les femmes les plus exposées à des mélanges chimiques en particulier. Un des mélanges chimiques était constitué de polluants organiques persistants (BPC et pesticides organochlorés). Les femmes présentant les concentrations sanguines les plus élevées de ce mélange chimique étaient généralement celles avec un niveau de scolarité plus faible, un revenu annuel du ménage plus élevé, nées au Canada, avec un surplus de poids avant la grossesse ou attendant leur premier enfant. Il convient de souligner que la principale source d’exposition humaine aux polluants organiques persistants est l’alimentation, en particulier la consommation de viande et de produits laitiers. Par ailleurs, aucune caractéristique maternelle en particulier n’a pu être associée à un deuxième mélange chimique regroupant certains phtalates, détectés chez 98 % des femmes à l’étude. Les phtalates sont souvent utilisés dans les emballages alimentaires, les matériaux de construction et de fabrication de meubles et les instruments médicaux, ainsi que dans les cosmétiques et les produits de soins personnels.

Cette recherche fournit quelques indications sur les caractéristiques des femmes exposées à des mélanges de contaminants chimiques courants. Ce type d’analyse pourrait être utilisé dans le futur pour étudier les effets des mélanges chimiques sur la santé des femmes enceintes et de leurs enfants.