26. Concentrations de polluants organiques persistants dans le sang de cordon et de la mère: l’étude MIREC (résumé simplifié)

(Concentrations of persistent organic pollutants in maternal and cord blood from the maternal-infant research on environmental chemicals (MIREC) cohort study) Fisher M, Arbuckle TE, Liang CL, LeBlanc A, Gaudreau E, Foster WG, Haines D, Davis K, Fraser WD. Environmental Health. 2016 May 4;15(1):59. doi: 10.1186/s12940-016-0143-y

La population canadienne, notamment les femmes enceintes et leurs fœtus en développement, peut être exposée à de très petites quantités de polluants organiques persistants (POP), comme les pesticides organochlorés (OC), les biphényles polychlorés (BPC), les éthers diphényliques polybromés (EDPB) et les substances perfluoroalkylées (SPFA). Les POP (dont bon nombre ont été interdits ou dont l’utilisation a été restreinte au Canada) sont des substances chimiques de synthèse qui tendent à persister dans l’environnement et à s’accumuler dans les tissus adipeux des humains et des animaux. Parmi les sources d’exposition, notons l’alimentation et la poussière de maison (en ce qui concerne les EDPB).

Bien qu’il existe des données sur l’exposition de la population canadienne à ces substances chimiques (https://www.canada.ca/en/health-canada/services/environmental-workplace-health/reports-publications/environmental-contaminants/report-human-biomonitoring-environmental-chemicals-canada-health-canada-2010.html), il n’en existe pas spécifiquement pour les femmes enceintes et leurs nourrissons. L’analyse du sang prélevé chez les femmes de la cohorte MIREC pendant la grossesse et du sang de cordon ombilical recueilli à l’accouchement est une occasion d’obtenir un « instantané » de l’exposition pour ces deux populations sensibles. Les concentrations de plusieurs POP ont été mesurées dans des échantillons de sang maternel et de sang de cordon des quelque 2 000 participantes à l’étude MIREC, recrutées dans 10 villes canadiennes entre 2008 et 2011. Les participantes ont répondu à des questionnaires pendant leur grossesse, certains portant sur des facteurs associés à des concentrations plus faibles ou plus élevées de POP dans le sang maternel.

L’étude a révélé que même si des POP ont été fréquemment détectés à de très faibles concentrations dans le sang maternel, la plupart d’entre eux n’ont pas été détectés dans le sang de cordon ombilical. Les SPFA constituent les substances les plus souvent détectées à la fois dans le sang maternel et le sang de cordon. Les SPFA entrent dans la fabrication d’un large éventail de produits, y compris les protecteurs de tissu hydrofuges, oléofuges et antitaches, les revêtements de papier hydrofuges et oléofuges, les lames d’essuie-glace, les lubrifiants pour chaînes de vélos, les gaines d’isolation pour fils et câbles, les emballages pharmaceutiques et alimentaires, les additifs pour huile moteur, le vernis à ongles, les produits pour boucler et lisser les cheveux, pour le placage et le nettoyage des métaux, les mousses coupe-feu, les encres et les vernis. De façon similaire à ce qui a été rapporté dans d’autres études, la parité (nombre de naissances vivantes chez une femme), l’âge de la mère, le revenu du ménage, le niveau de scolarité, le tabagisme, l’indice de masse corporelle (IMC) avant la grossesse (IMC = poids en kilogrammes d’une personne divisé par sa taille en mètres carrés), le pays de naissance et la consommation de poisson constituaient des prédicteurs significatifs pour la plupart des substances chimiques. Par exemple, plus le nombre de naissances chez la femme (parité) augmentait, plus les concentrations sanguines de la plupart des POP diminuaient. Bien souvent, l’augmentation du revenu des ménages allait de pair avec des concentrations sanguines de POP plus élevées. Les femmes nées à l’extérieur du Canada présentaient généralement des concentrations d’OC, d’EDPB et de BPC significativement plus élevées, mais des concentrations inférieures de certaines SPFA. En comparant aux résultats d’études menées dans d’autres pays auprès de femmes enceintes, ou encore au Canada auprès de femmes en âge de procréer, les concentrations de ces POP dans le sang des participantes à l’étude MIREC étaient similaires ou, dans bien cas, inférieures.

En conclusion, même si un certain nombre de POP ont été détectés dans le sang des femmes enceintes de la cohorte MIREC, les concentrations étaient très faibles. Par ailleurs, les POP ont rarement été détectés dans le sang de cordon, à l’exception des SPFA, mais à des concentrations beaucoup plus faibles que dans le sang maternel, ce qui donne à penser que l’exposition du fœtus à ces substances est limitée pendant la grossesse.