82. Variation temporelle des concentrations de mercure total dans les cheveux des femmes enceintes de l’étude MIREC (résumé simplifié)

(Temporal variation of total mercury levels in the hair of pregnant women from the Maternal-Infant Research on Environmental Chemicals (MIREC) study) Lukina AO, Fisher M, Khoury C, Than J, Guay M, Paradis JF, Arbuckle TE, Legrand M. Chemosphere 2021 Feb;264(Pt 1):128402. doi: 10.1016/j.chemosphere.2020.128402

Le mercure est un métal naturellement présent dans le sol, qui s’accumule sur de longues périodes dans la faune et certains aliments. L’exposition à des concentrations élevées de mercure soulève des inquiétudes pour la santé humaine en raison des effets potentiels du mercure sur certains systèmes de l’organisme. Les femmes enceintes et les enfants sont particulièrement vulnérables aux effets toxiques du mercure, car celui‑ci peut traverser les barrières placentaire et hémato-encéphalique. La consommation de poisson, surtout de poissons prédateurs de grande taille comme le germon (ou thon blanc) frais ou surgelé, est l’une des sources de mercure les plus courantes.

La mesure des concentrations de mercure dans le sang et les cheveux d’une personne fournit une estimation des niveaux d’exposition totale. La mesure dans les cheveux est avantageuse, car elle n’est pas invasive et permet d’estimer les concentrations de mercure au fil du temps. Ainsi, les segments de cheveux les plus près du cuir chevelu reflètent l’exposition récente. Comme les cheveux poussent d’environ 1 cm par mois, chaque cm d’une mèche de cheveux permet de mesurer l’exposition au fil des mois.

Cette étude avait pour but de mesurer l’exposition au mercure chez des femmes, de la période précédant la conception jusqu’à l’accouchement, puis de comparer les concentrations de mercure dans les cheveux à celles mesurées dans le sang des mères et le sang de cordon ombilical au même stade de la grossesse et au moment de l’accouchement.

Les échantillons de cheveux de 328 femmes de l’étude MIREC ont été coupés en segments de 1 cm, pour ensuite être analysés pour en déterminer la concentration en mercure. Les concentrations de mercure ont aussi été mesurées dans les échantillons de sang de ces femmes prélevés aux premier et troisième trimestres, ainsi que dans le sang de cordon. L’information sur les caractéristiques de ces femmes et leur consommation de poisson durant la grossesse a été recueillie par questionnaire.

Les chercheurs de Santé Canada ont constaté que les concentrations de mercure dans les cheveux et le sang diminuaient tout au long de la grossesse, et qu’elles étaient plus élevées dans les cheveux que dans le sang. Ils ont également observé que les femmes qui consommaient plus souvent des poissons prédateurs présentaient en général des concentrations de mercure plus élevées dans les cheveux et le sang.

Des concentrations de mercure légèrement supérieures ont été constatées chez les mères de 35 ans ou plus, nées à l’étranger, titulaires d’un diplôme universitaire ou dont l’IMC était insuffisant ou normal avant la grossesse.

Cette étude fournit quelques-unes des premières données sur les concentrations de mercure dans les cheveux de femmes enceintes canadiennes. Pour ces chercheurs, les cheveux constituent un échantillon biologique valable pour mesurer les concentrations de mercure tout au long de la grossesse et pendant les périodes déterminantes du développement fœtal. Les recherches futures pourront s’appuyer sur ces résultats pour étudier les associations entre les concentrations de mercure dans les cheveux des mères et la santé de leurs enfants.