56. Association entre des concentrations différenciées d’arsenic dans l’urine maternelle et le diabète gestationnel dans une cohorte de femmes canadiennes (résumé simplifié)

(Association between maternal urinary speciated arsenic concentrations and gestational diabetes in a cohort of Canadian women) Ashley-Martin J, Dodds L, Arbuckle TE, Bouchard MF, Shapiro GD, Fisher M, Monnier P, Morisset AS, Ettinger AS. Environment International. 2018 Dec;121(Pt 1):714-720. doi: 10.1016/j.envint.2018.10.008

L’arsenic (As) est un élément chimique naturellement présent partout dans notre environnement, qui peut pénétrer dans les eaux souterraines par suite de l’érosion ou de la décomposition des sols, minéraux et minerais sous l’action du climat. Les composés de l’arsenic sont utilisés dans la fabrication de transistors, de lasers et de semi-conducteurs, ainsi que dans le traitement du verre, des pigments, des textiles, du papier, des adhésifs métalliques, des céramiques, des produits de préservation du bois, des munitions et des explosifs. L’arsenic existe sous différentes formes chimiques qui peuvent être classées en deux groupes : l’arsenic organique et l’arsenic inorganique. L’acide diméthylarsinique (DMA), un composé d’arsenic organique, est le plus souvent présent en de faibles concentrations dans le poisson et les mollusques. Quant à l’arsenic inorganique, il se trouve en de faibles concentrations dans le riz, l’eau souterraine et certaines espèces d’algues marines.

Le diabète gestationnel (DG) peut survenir chez une femme pendant sa grossesse lorsque son glucose sanguin devient trop élevé. Son taux de glucose sanguin revient habituellement à la normale peu après l’accouchement; toutefois, si elle a souffert de DG, elle présentera un risque accru de diabète de type 2.

Certaines recherches, dont une étude MIREC antérieure sur les concentrations d’arsenic dans le sang des mères (Shapiro et coll., 2015), donnent à penser que les taux d’arsenic total seraient associés à un risque accru de DG. Il subsiste toutefois des incertitudes quant à la toxicité de formes spécifiques d’arsenic.

Dans la présente étude, les concentrations urinaires des formes organiques et inorganiques d’arsenic ont été mesurées au premier trimestre chez des femmes enceintes participant à l’étude MIREC. Les femmes présentant un DGF ont été identifiées à partir des dossiers médicaux.

Parmi les 1 243 femmes sans antécédents de diabète ayant donné naissance à un seul enfant vivant, 4 % ont reçu un diagnostic de DG. Les espèces inorganiques d’arsenic étant rarement détectées dans l’urine maternelle, cette étude se concentrait sur le DMA (« dimethylarsinic acid », espèce d’arsenic inorganique).

Il en est ressorti que le risque de DG était en moyenne 3,5 fois plus élevé chez les femmes les plus exposées à l’arsenic sous la forme de DMA, par rapport aux femmes les moins exposées à cette forme d’arsenic. Ce risque augmentait chez les femmes les plus exposées au DMA qui portaient un fœtus de sexe masculin, celles-ci présentant un risque de DG 5 fois plus élevé. Chez les femmes portant un fœtus de sexe féminin, ce risque était seulement 2 fois plus important que celui des femmes moins exposées au DMA.

Ces résultats semblent indiquer une association positive entre l’exposition à certaines formes d’arsenic et le DG, association qui peut s’avérer particulièrement robuste chez les femmes qui portent un fœtus de sexe masculin. Il est toutefois possible que les associations observées résultent d’expositions non mesurées ou corrélées. D’autres recherches sont donc nécessaires pour analyser les risques associés à l’exposition des femmes enceintes aux formes organiques et inorganiques d’arsenic et comprendre le rôle que pourrait jouer le sexe du fœtus sur la toxicité de l’arsenic.

Cette étude a été menée par des chercheurs de l’Université Dalhousie.